Le référendum en Catalogne a, depuis ce dimanche matin, un visage. Celui d’une dame d’un certain âge, ses cheveux blancs barrés d’un épais filet de sang.
Elle a été blessée par les policiers espagnols dans les actions de
saisie du matériel électoral. Visage du référendum, elle sera aussi
celui de la défaite symbolique de Mariano Rajoy. Qu’est-ce qui a bien pu
se passer dans la tête du chef du gouvernement espagnol pour penser
qu’une violente neutralisation des opérations de vote, illégales pour
les uns légitimes pour les autres, allait arranger ses affaires ? Les
images, qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux et les chaînes
d’info, sont désastreuses pour lui et pour la cause «espagnoliste» qu’il
défend : des policiers qui brisent des portes d’écoles, à coup de
masse, de coupes boulons, tentent de confisquer des urnes. Ce n’est pas
l’unité de l’Espagne qui est attaquée par les coups de matraque, c’est
la démocratie : voilà ce qui sort du vortex vidéo.
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Ces images de répression brutale et disproportionnée ne feront pas
bouger d’un iota ceux qui ont déjà des avis tranchés et définitifs sur
cette difficile question identitaire. Là-bas, ou ici. En revanche, dans
un monde qui a tendance à s’affranchir de la complexité et veut obliger à
«choisir son camp», Rajoy contraint à choisir entre la violence d’un
nationalisme d’Etat et la désobéissance civile d’un indépendantisme
catalan respectueux de la démocratie. Il n’a rien à y gagner. Sauf s’il
cherche, par la brutalité de sa police, à faire naître une opposition
moins pacifique.L’Espagne ne doit pas prendre ce chemin sanglant qu’elle
ne connaît que trop bien. Aux Européens qui évoquent souvent une Union «fondée sur une promesse de paix, de progrès, de prospérité» de le rappeler d’urgence à Rajoy.
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